Un vieil homme souffre d’aminesis, « mort de la mémoire ». La lutte perpétuelle qu’il livre à lui-même pour se raccrocher à un présent qui se délite le projette dans une vertigineuse descente vers la démence. Comment en effet envisager le temps lorsque « les couches de notre esprit se détachent comme celles d’un oignon » ? Les souvenirs de cet homme, ou du moins ce qu’il s’efforce d’évoquer comme tels, révèlent une existence qui semble s’être déroulée sur la plus grande partie du siècle dernier et en divers endroits du monde. À l’instar de l’esprit en lambeaux nous livrant peu à peu les clés de l’histoire, le récit est constitué de larges fragments esquissant la toile de la vie vécue – ou non – par William, le protagoniste, et par son fils. Ces passages, détachés de tout contexte par moments, finissent pourtant par former un ensemble ; les morceaux se recollent… et s’effritent de nouveau. À travers une vision parfois blafarde de l’humanité et soutenue par un style épuré, Un cercle d’oiseaux est l’œuvre d’un imaginaire à la fois fécond et terrifiant, maniant habilement le feu (la violence), le cauchemar (le souvenir récurrent d’un acte sexuel sordide) et l’illusion (la perte des repères). Un récit poignant, et une réflexion troublante sur le passage du temps et l’essence de l’identité.